Peut-on vivre sans mémoire ?

Il suffit d’un détail et la vie bascule… Après un accident de moto, Shiori ne sera plus jamais la même. Elle se réveille en ayant totalement oublié sa vie d’avant : c’est une amnésie. C’est une toute nouvelle Shiori qui est à l’hopital, elle n’a plus aucun souvenir de son quotidien. Pire encore lorsqu’elle prend connaissance de celle qu’elle était avant, elle ne se reconnait pas du tout dans la lycéenne vulgaire, hypocrite et manipulatrice qu’on lui dépeind. Chaque jour, elle prend peu à peu possession d’une vie qu’elle ne comprend pas.  Cette perte de mémoire est l’occasion pour Shiori de prendre un nouveau départ, qui va lui permettre de reconstruire une histoire familiale, amicale et amoureuse.C’est l’envers du décors de la vie de Shiori qu’elle découvre, une vie sans réelles amies, sans attaches et bien trop superficielle pour elle. La question de la volonté de retrouver la mémoire sera au centre des premiers tomes.Ensuite nous découvrirons qu’elles sont les aspirations de la nouvelle shiori. Enfin elle devra apprivoiser l’ancienne Shiori, pour reprendre possession de sa vie…

Comment construire son identité au Japon ?

Ce qui est intéressant dans l’approche de Ricaco Iketani, c’est qu’elle traite de la vie quotidienne d’une adolescente à travers le prisme de deux personnalités que tout opposent. Pourtant c’est toujours Shiori que l’on suit. J’ai aimé pouvoir me poser différentes questions et repenser à des situations du quotidien.  Les diktat sont très stricts et le quotidien est rythmé par les réseaux sociaux, l’image et le jugement, encore plus qu’en occident il me semble. Il est très difficile de développer une identité individuelle au Japon, car la société représente un poids permanent. Lorsque Shiori reprend les cours, on se rend compte que l’ancienne Shiori était très vulgaire et finalement bien moins admiré qu’elle n’osait le penser. Même si la trame reste classique, ce sont les relations et la question du développement personnel qui font toute l’originalité de ce manga. Six Half publié aux éditions delcourt nous oblige à nous confronter à l’hypocrisie sociale, à l’image et aussi à nos relations et ce qui en fait la valeur. C’est grâce à sa toute nouvelle force de caractère que Shiori va traverser plusieurs obstacles notamment dans sa toute nouvelle carrière de modèle.

Mon avis sur Six Half

Pour ma part j’ai pris énormément de plaisir au cours de la lecture des 11 tomes. beaucoup ont reproché à Six Half la trameclassique, mais je trouve que c’est exactement ce qu’on attend d’un shojo. Nous mettre dans des situations connues et nous proposer une autre manière de comprendre le quotidien. Shiori explore toutes les thématiques qui font la richesse du genre shojo. A savoir la construction d’une identité individuelle dans une société trop normée. La confrontation avec des personnages qui utilisent l’hypocrisie pour arriver à leurs fins. Et plus largement, j’ai aimé le questionnement sur la place de la femme dans la société. La nouvelle carrière de Shiori permet de créer des situations qui montrent qu’elle doit rester forte face aux hommes qui veulent l’utiliser.

Ce qui permet de mettre en lumière le role d’une femme dans le quotidien japonais. Je vous laisse vous faire votre propre avis sur la question. Ricaco Iketani nous permet de nous plonger dans un cocktail original sur la rédemption,  la recherche de soi et les rapports aux autres.