Les titres LGBT
Depuis quelques années les titres qui parlent de l’homosexualité avec finesse sont rares mais rencontrent un franc succès. Un de mes préférés est « Le bleu est une couleur chaude » de Julie Maroh, publié par Glénat en mars 2010. L’auteure nous narre l’histoire d’amour de deux femmes dans les années 2000, la bd sera adaptée ensuite au cinéma et couronnée par une Palme d’Or.
Dans la même mouvance, Akata s’attaque au tabou de l’homosexualité au Japon et nous permet de découvrir en « Le mari de mon frère » . Récit émouvant et tout en finesse du voyage identitaire de Mike Flanagan, qui décide de découvrir la patri de son mari. Ecrit par Gengoroh Tagame, un artiste pluridisciplinaire, très actif dans la communauté LGBT en dehors du Japon.
Eclat(s) d’Âme le manga LGBT tout en finesse
Réservé avant sa sortie, récupérer dans la semaine… nous attendions ce manga avec impatience ! Il a déjà fait le tour de la team. Éclat(s) d’âme, nous conte l’histoire de Tasuku dont la vie bascule deux jours avant les vacances d’été. Un de ses camarades découvre une vidéo porno gay dans l’historique de son smartphone et le crie à qui veut bien l’entendre. La première réaction de Tasuku est de rejeter tout en bloc et de dénigrer les homosexuels. Pris dans une horrible tourmente, il se retrouve à penser au suicide. Mais il est stoppé net dans son élan. Quand il aperçoit une jeune femme qui se jette dans le vide. Courant vers le point de chute, il se retrouve dans un endroit très animé offrant un havre de paix dans un Japon ultra normé.
L’homosexualité au Japon
L’histoire de l’homosexualité au pays du soleil levant est intéressante car elle a été progressiste avant de revenir en arrière. Des œuvres littéraires comme Vita sexualis ou l’apprentissage amoureaux du professeur Kanai Shizuka de Mori Ôgai content la découverte des plaisirs à l’ère Meiji. Les dortoirs abritaient des amours homosexuelles entre étudiants, qui suivaient en cela l’exemple des guerriers et des moines totalement tolérés par la soéciété. Cependant avec le processus de modernisation qui apparaît au sortir de la seconde moitié du XX ème siècle, s’est imposée l’idée que l’homosexualité était une anormalité. En effet, la médecine occidentale introduite à cette periode considére l’homosexualité comme une « maladie ». C’est un grand bond en arrière pour la société japonaise, qui aujourd’hui encore a bien du mal à progresser sur le sujet. Même si il n’existe aucune statistique sur l’homosexualité au Japon, il peut être considéré que les minorités sexuelles représentent 5% de la population.
L’approche d’Eclat(s) d’Ame
Un autre fait intéressant dans la réalisation de cette statistique c’est que le Japon ne différencie pas homosexualité de dysphorie de genre. Ainsi, Yuhki Kamatani l’auteur d’Eclats d’Ame originaire d’Hiroshima, se revendique comme non genré.Son parcours débute avec les histoires de Ninja et le monde de la Fantasy auprès des éditions Square Enix avec « Nabari« .
Aujourd’hui il est a noté, que le débat politique japonais se caractérise par l’absence quasi-totale de la question de l’intégration des homosexuels dans la société. L’homosexualité est considérée comme un choix, qui peut se vivre librement, mais doit absolument rester discrète. Les gays vivent donc leur sexualité cachés, parfois derrière l’écran de fumée d’un mariage arrangé avec une personne de sexe opposé. Cette volonté de ne pas vouloir voir et comprendre les aspirations de la communauté LGBT, tout en voulant l’intégrer tourne au paradoxe : l’homosexualité est particulièrement mise en avant dans les talk-shows, qui se plaisent à faire intervenir des personnes auto-proclamées « gays ». C’est ce paradoxe sociétale qui rend l’oeuvre de Yuhki Kamatani encore plus précieuse. Eclats d’Ame nous offre la vision d’un jeune garçon en prise avec son désir et la société dans laquelle il vit. Son besoin d’intégration le pousse même dans un premier temps a rejeter violemment la communauté LGBT. La réalisation vient servir un discours fort sur ce besoin de reconnaissance et d’appartenance, qui permet à chacun de rentrer au plus profond de cette acception de la différence. Comment être soi-même dans une société trop normée ? Comment réussir à faire le bon choix quand il n’existe aucun modèle de référence ? Enfin comment se construire quand ce qui nous forge est rejeté par notre entourage ?